La Révolution des "Pet-Parents" en Corée du Sud

Longtemps perçus sous un prisme utilitaire ou liés à des traditions culinaires aujourd'hui en déclin, les animaux de compagnie sont devenus des membres centraux de la structure familiale sud-coréenne. Ce changement n'est pas seulement affectif ; il reflète des mutations sociologiques majeures comme l'urbanisation galopante et l'isolement social croissant.
Le nombre de propriétaires d'animaux a explosé ces dernières années. Selon les rapports récents (notamment du KB Financial Group et du ministère de l'Agriculture).
Environ 30 % de la population possède désormais un animal de compagnie.
Près de 6 millions de ménages (environ 1 sur 4) accueillent au moins un compagnon.
Les chiens restent largement en tête (présents dans environ 75 % des foyers avec animaux), suivis par les chats (27 %), dont la popularité croît rapidement chez les jeunes urbains en raison de leur autonomie.
Il devrait atteindre 15 000 milliards de wons (environ 10,5 milliards d'euros) d'ici 2027.
En Corée du Sud, on ne parle plus seulement de "propriétaires", mais de "Pet-Parents". Cette tendance à l'humanisation de l'animal se manifeste par :
Les poussettes pour chiens sont devenues si courantes qu'elles se vendent parfois mieux que les poussettes pour bébés dans certains grands magasins.
Hôtels de luxe pour animaux, spas, garderies spécialisées ("doggy daycare") et même des funérailles religieuses pour compagnons à quatre pattes.
Les dépenses médicales ont doublé en deux ans, les Coréens n'hésitant plus à investir massivement dans des traitements de pointe pour prolonger la vie de leur animal.
Pourquoi un tel engouement ?
Ce phénomène est étroitement lié aux défis démographiques du pays :
La Corée du Sud possède l'un des taux de natalité les plus bas au monde. Pour beaucoup de jeunes couples ou de personnes seules, l'animal remplace l'enfant ou le partenaire.
L'augmentation des foyers d'une seule personne (one-person households) pousse les individus à chercher un soutien émotionnel auprès des animaux pour combler le vide social.
En janvier 2024, le Parlement a voté l'interdiction historique de la viande de chien (entrée en vigueur totale prévue pour 2027), marquant la fin d'un conflit culturel et le triomphe de l'animal "compagnon" sur l'animal "bétail".
Un nouveau défi urbain
Cette transition ne va pas sans heurts. La densité de population à Séoul crée des tensions autour des nuisances sonores ou de la gestion des espaces publics. De plus, le coût élevé des soins vétérinaires et l'absence d'assurance généralisée (seulement 12 % des animaux sont assurés) représentent un défi financier pour les propriétaires.
Voilà une vidéo expliquant le phénomène en Corée du Sud.
En définitive, l’essor des animaux de compagnie en Corée du Sud dépasse le simple effet de mode pour devenir le miroir d'une société en pleine mutation identitaire. En s'imposant comme des membres de la famille à part entière, ils pallient la solitude urbaine et le déclin de la structure familiale traditionnelle, tout en redéfinissant les normes éthiques du pays, comme l'illustre l'interdiction historique de la consommation de viande canine.
Si cette « pétomanie » témoigne d'une quête de réconfort émotionnel dans un environnement hyper-compétitif, elle pose également de nouveaux défis juridiques et financiers que la Corée du Sud devra réguler pour harmoniser la vie de ces nouveaux foyers hybrides.


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